#TBC : Les religions monothéistes VS les traditions africaines

Le sujet abordé par le #TheBlogContest ce mois a suscité en moi un intérêt tout particulier (et même si c’est en mode « tuyoriste » que je tape l’incruste).

Depuis une décennie déjà, j’ai pu observer une recrue d’essence dans la quête de spiritualité au sein des populations africaines. J’avoue moi-même qu’à force d’être ballotée entre l’héritage familial du christianisme et le désir furieux de connaitre mais surtout comprendre le rejet systématique de la spiritualité africaine, j’ai fini par me lancer dans une quête identitaire. Pourquoi quête identitaire ? Parce qu’au fond l’essence même de la spiritualité réside dans la croyance. La Croyance est le Cœur de toute tradition ou religion. Sans croyances il n’y a pas d’ordonnances et de valeurs communautaires, en ce qui me concerne.

Les religions monothéistes telles que connues depuis quelques siècles déjà prônent la Croyance en un seul dieu. Considérant donc les autres obédiences spirituelles telles que rencontrées dans les traditions africaines comme animistes, car elles impliquent une croyance en plusieurs divinités. Ce point a toujours suscité en moi un petit sourire narquois au fil de ma quête. Commençons par une religion monothéiste telle que le christianisme dans laquelle j’ai été bercée depuis mon enfance ; mais dont je ne me vanterai certainement pas d’en maitriser la totalité des préceptes. Cependant dans le christianisme, ce même dieu qui constitue le pilier même de la croyance est connu sous différentes facettes de déité :

  • ELOHIM : le Créateur.
  • ADONAI : le Seigneur
  • El ELYON : le Dieu Très Haut
  • El ROY : le Dieu qui voit
  • El SHADDAI : le Tout Puissant
  • Jéhovah : celui qui existe par lui-même
  • Jéhovah JIREH : le Seigneur pourvoira
  • Jéhovah MEKODDISHKEM : le Seigneur te sanctifie
  • Jéhovah NISSI : le Seigneur notre bannière
  • Jéhovah RAAH : le Seigneur est mon berger
  • Jéhovah RAPHA : le Seigneur qui guérit
  • Jéhovah SABAOTH : le Seigneur des armées
  • Jéhovah SHALOM : le Seigneur est paix
  • Jéhovah TISIDKENU : le seigneur est notre justice.

 Dibombari Mbock, démontre dans son livre Kongo que l’être Suprême et Dieu unique porte depuis l’Egypte antique un seul et même nom dans quasiment toute l’Afrique noire après avoir subi des métamorphoses avec le temps mais ayant toujours gardé la même racine. Il s’agit de : Amen, Amon, Amin, Imana, Nyambé, Muanyamɛ, Nyambè, Ndzambe, Nyame, Zamba, Zambə́, Zambi, Ndzambi.

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Credit image: DIMBAMBE LA SU, l’héritage de nos ancêtres

Les Sawa Duala (peuple dont je suis issue) du Cameroun prononcent Nyambé. Nyambé se décline également sous plusieurs facettes :

  • Nyambé Muwekípeki : le concepteur de l’univers avant sa création,
  • Nyambé Ewekɛ : Le Créateur,
  • Nyambé Ekúmbekumbe : Le maître de l’univers,
  • Nyambé Bwindi (Existant ou considéré comme n’ayant aucune relation avec le temps, hors du temps) : l’Atemporel.

Il est donc impossible de parler de polythéisme en ce qui concerne la spiritualité africaine. Au contraire, je crois que la première chose à reconnaitre est le fait que peu importe sa dénomination « culturelle », Dieu ne se révèle pas sous une forme unique, mais bien sous plusieurs. Il est à la fois Ce Qui Est et Ce Qui N’Est Pas, le Visible et l’Invisible. Aspects aisément représenté dans les deux spiritualités abordées.

Ensuite vient le concept de Trinité : Ce qui donne naissance / Ce qui prend naissance / Ce qui Est. Cette réalité trine est la signature de Dieu. C’est le modèle divin.

Le trois-en-un se trouve partout dans les domaines du sublime. Tous ceux qui sont en contact avec ces spiritualités reconnaissent la Vérité trine dans les relations subtiles de la vie. Certains spécialistes de la religion ont décrit la Vérité trine comme étant le Père, le Fils et le Saint Esprit. Certains psychiatres utilisent les termes supra-conscient, conscient et subconscient. Certains spiritualistes disent Esprit, Corps et Âme. De même dans la culture SAWA par exemple nous avons : NYAMBE, JEKI et DIBENGA (le père, le fils et le grand-père).

Le dernier point majeur reproché aux traditions africaines est le « culte des morts ». Non je ne me suis pas trompée en cotant cette expression. Dans les saintes écritures ou même encore dans l’énonciation des prières j’entends très souvent : « le Dieu d’Abraham, Isaac, Jacob, David et Moïse ». Ce sont des figures incontournables de la bible certes mais ce sont surtout les ancêtres du peuple juif. N’est-ce pas une forme de culte des morts ? Autant que les chrétiens qui sont monothéistes de croyance mais adressent leurs prières à leurs saints et glorifient Dieu, les Sawa adressent aussi leur prières à leurs ancêtres et adorent Nyambé. Pourquoi donc considérer la spiritualité africaine comme animiste et diabolique? Parce que par soucis de tradition, ils préfèrent invoquer non seulement leur dieu et surtout des ancêtres auxquels ils s’identifient ?

Bref pour ne pas m’étendre sur cette observation comparative entre ces deux modes de spiritualités. Je voulais par ce moyen montrer qu’en fait il y a plus de similitudes que de différences entre elles. Et non je ne m’engagerai pas dans la voie de telle spiritualité est Vérité et l’autre non. Je voudrais juste soulever un point crucial : celui de la FOI. Cette foi qui constitue les convictions de ces croyants en la véracité de leurs spiritualités respectives. Cette foi qui est liée à la fois à un attachement identitaire,une sécurité spirituelle mais surtout à la liberté de choisir.

« Ne juge pas la voie karmique d’un autre, car tu ne sais pas ce qu’elle représente aux yeux de son âme. ». ~ Tootoone.                 

 

10 réflexions sur “#TBC : Les religions monothéistes VS les traditions africaines

  1. Voilà ma choupette, comme je l’aime. Bon les #blogcontesteurs (à l’exception de Tchoupi heinnn), voilà ce que j’attendais. A sujet sérieux, parfois besoin d’un peu plus d’élévation, n’oubliez pas vous êtes des modèles.
    Quant à ton point de vue namour, comment rappelez aussi qu’au centre de notre amitié, il y a aussi surtout et beaucoup une proximité intellectuelle forte et constante. L’essence même demeure en effet qu’il n’y a point opposition mais beaucoup de similitudes. A nous, en tant qu’africains comme l’a dit Tchoupi aussi, de révérer notre culture, nos traditions, les remettre au Centre et leur redonner leurs lettres de Noblesses, totalement dûes.

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    • De plus, je pense que si l’on continue de se faire raconter notre histoire; nous finirons certainement dans les abysses de l’oubli. L’Amour de nos origines doit émaner de nous, par souci de s’affirmer dans cette diversité qu’offre l’humanité.

      Allez de l’intérieur, vers l’extérieur pour mieux exister … Tootoone

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